samedi 15 mai 2010

[Pas un bruit] [Copinage Edition] OpenNight

Vous le savez, sur ce blog je n’ai jamais été contre un peu de copinage (à partir du moment où j'ai envie de le faire spontanément, pas besoin de m'envoyer vos liens, tous !). Là, sachant qu'on va parler d'un groupe que je "suis" d'une manière très, très directe depuis leur création et dont je suis vraiment proche, prenez cette note pour ce qu'elle est probablement : manquant totalement d'objectivité, soit, mais envers un projet sincère, généreux et vraiment intéressant, fait par des gens que j'adore autant pour ce qu'ils sont que pour leur réel talent, et sur lequel je vous conjure d'au moins jeter une oreille, même si c'est pas censé être votre tasse de thé à la base.

Ceci dit, donc : OpenNight.



À l'origine, le quartet monté par Myriam et Vincent Langrognet était parti dans l'idée de faire des reprises "Jazz". Après un an de travail et de répétition acharnée, ce à quoi ils sont arrivés force le respect, s'éloignant des conventions d'un genre parfois étriqué pour poser leur propre touche et leur propre couleur aussi bien de par leurs réarrangements audacieux que leurs créations. Normal me direz vous pour le croisement d'une chanteuse soul, d'un pianiste classique, d'un batteur rock et d'un bassiste pop. Petit tour d'horizon de leur premier EP dévoilant les différentes facettes de ce qu'ils font, que vous pourrez (devez) écouter en intégrale sur leur MySpace. À savoir ici.

Lent et mélancolique, How Long pose l'atmosphère feutrée et très cabaret enfumé qu'OpenNight essaye de faire passer. Montant petit à petit alors que la voix de la chanteuse semble prendre ses marques dans ce morceau tout en émotion contenue, How Long semble peu à peu distiller cette sensation d'être une part de cette histoire d'amour déçu. Alors oui, le titre prend peut-être une petite minute à démarrer vraiment, mais à partir de là, le voyage dans un bar enfumé de la Nouvelle Orléans dix minutes avant la fermeture est assuré.

Changement de registre pour History Reapeating. Le titre des Propellerheads est ici remanié à une sauce funk des années 70 tendance blaxploitation vraiment étonnante avec une ligne de basse qui sent bon la coupe afro et le col pelle à tarte et une batterie pêchue juste ce qu'il faut. Se fixant le défi de garder l'énergie dansante de la version originale en ajoutant un joli voile de velours, le titre se mue un peu plus loin en un bon vieux swing alors que le groupe part dans impro finale délicieusement maîtrisée. Le mot que vous cherchez est "smooth".

Somebody Comes To This Place joue lui sur les contrastes entre des couplets très jazzy, des brakes au rythme très marqué, et des refrains apaisants. Belle vitrine des possibilités vocales de Myriam surtout, ce morceau fait très bien son travail de caressage d'oreille et d'installer l'ambiance Cabaret qui est au centre du travail d'OpenNight, mais aussi de ses musiciens. Tout particulièrement la ligne de piano posée par tout au long du morceau en fil d'Ariane et en donnant la direction discrètement, mais efficacement…

Et enfin We're Together, qui ajoute une touche bossa-nova un peu syncopée à la formule d'OpenNight. Manière de clore cet EP sur une note pêchue et de laisser l'auditeur sur sa faim avec sa fermeture abrupte, il pétille comme des bulles de champagne sur la langue, détaillant en deux minutes à peine son ton entêtant avec, là encore, quelques accords de piano que vous risquez de siffloter pendant quelques jours au moins après l'écoute. "Strong together, we belong together". Tu m'étonnes.

Alors, oui bien sûr que ça n'est pas parfait, et bien sûr que le côté amateur se fait ressentir par moment. Les titres ont été enregistrés dans des conditions loin d'être idéaux (pour des raisons techniques impondérables, soyons d'accord, la prod est quasi impeccable dans le contexte) et cela peut transparaître sur certains passages. Mais pour un groupe lancé par un couple de quarantenaires dans un coin de leur salon y'a quelques mois parce que ça leur trottait dans la tête et dans les doigts depuis bien trop longtemps et qui y ont consacré la majeure partie de leur temps libre, arriver à un tel résultat, on se dit quand même à l'écoute que la sincérité, dans la musique, ça fait la différence.

[Oh oui, et pour le reste du blog, retour des programmes bientôt, tout ça. Je bosse sur quelques autres trucs en ce moment mais vous en parlerais ici dans les jours qui viennent.]